Sans l’ombre d’une hésitation, Carole a décidé de réinterpréter un tube des années 60. Bonne lecture de sa version 2021 !
Il est cinq heures
Le réveil hurle sa mélodie
J’ouvre mes yeux endormis
Il est cinq heures
Je feins de l’ignorer
Pourtant je dois y aller
Il est cinq heures
L’odeur du café achève de me réveiller
Et donne un sens à ma journée
RTL annonce en matinale
Les informations gouvernementales
Le confinement sera prolongé
Une galère pour les déprimés
Le port du masque est une corvée
Même s’il sert de cache-nez
Dehors le temps est glacé
Mon manteau peine à me protéger
Dans le bus des passagers dispersés
Tous énervés ou préoccupés
Les lampadaires restent allumés
Le jour peine à se lever
Il est cinq heures
Porte d’Orléans est embrumée
Les passants sont enrhumés
Du périphe les voitures sont jetées
Les phares encore allumés
Une ambulance file aux urgences
Le gyrophare rythme la cadence
Les éboueurs disciplinés
Ramassent les feuilles échouées
Les carreaux des voitures sont embrumés
Les passants ont la goutte au nez
J’imagine déjà ma journée
Les couloirs à cavaler
La Porte d’Orléans est endormie
Seuls les éboueurs ramassent les feuillies
Le boulanger offre avec bonté
Ses gourmandises pleines de volupté
Certains sont au café
La mine encore embrouillée
J’arrive à Denfert
Le métro s’arrête…
C’est le début de la galère
Il est plus de six heures
Je ne suis pas prête d’arriver !
Et ça m’énerve !!
Au sujet de la chanson originale « Il est cinq heures, Paris s’éveille «
Jacques Wolfsohn, du label Vogue, propose, après un repas avec Jacques Lanzmann et Jacques Dutronc, de faire une chanson sur le thème de « Paris le matin ». Lanzmann et Dutronc commencent à l’écrire le soir même et l’achèvent aux aurores. Anne Ségalen, à l’époque épouse de Lanzmann, a également participé à la rédaction des paroles. Jacques Dutronc compose la musique, mais trouve comme Lanzmann les arrangements un peu plats. Roger Bourdin, un flûtiste classique qui travaillait dans le studio à côté du leur, improvise alors un solo de flûte. En une seule prise, la version est la bonne ! Le 27 mars 1968, Jacques Dutronc chante » Il est cinq heures, Paris s’éveille « .
Cette chanson reflète parfaitement un certain « air du temps » avec son orchestration résolument rock et ses textes ironiquement contestataires, comme » Fais pas ci, fais pas ça « , » On nous cache tout, on nous dit rien « . Nous sommes en mars. Deux mois plus tard, éclatent les émeutes de mai 68.
Les paroles sont inspirées de la chanson « Tableau de Paris à cinq heures du matin » écrite en 1802 par Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers. En mai 1968, le détournement des chansons populaires est à l’honneur, les textes révolutionnaires se substituant aux paroles d’origine.
Écouter Jacques Dutronc (source INA)
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