Jour de congé pour Sylvie. Elle s’offre une pause au parc Richelieu pour profiter de « Voilà l’été ! ». Très vite, elle rejoint le barnum de A Mots croisés, curieuse de relever un petit défi d’écriture.
Prise par ses multiples occupations professionnelles, elle n’a pu, ces dernières années, prendre le temps d’écrire pendant ses loisirs. Autant dire qu’elle nous rejoint, motivée et enthousiaste, prête à imaginer une histoire en lien avec la nature – tout en respectant bien sûr les consignes d’écriture !
Défi réussi. Son récit déborde de sensibilité et de poésie. La chute devrait vous surprendre ! Bonne lecture ! A écouter aussi !
« Plénitude »
Là où il n’y a pas âme qui vive ! Enfin, c’est ce que l’on croit. De loin, une tâche verte, une multitude de verts que l’œil affuté capte sans effort. De plus près, on devine le brun, comme des coups de crayon, dans ces touffes de vert. En s’approchant encore, un vert encore plus clair : une herbe neuve, douce, fine, tendre, moelleuse. Un tapis d’herbe tendre sous des arbres géants, un jour de printemps.
Surtout, ne pas faire de bruit. Apprécier sous mes pieds nus cette douceur, cadeau de la nature. Poser délicatement un pied après l’autre et se délecter de cette sensation, mi-chatouillis, mi-caresse entre mes orteils. Me poser, m’adosser contre un arbre, me caler au soleil entre ses racines et laisser mes mains effleurer ce tapis. Instant en dehors du temps, instant sans temps, infini et indéfini. Je ne suis qu’une petite bête dans cette immensité, comme cette petite coccinelle qui grimpe le long de ce brin d’herbe.
Je m’oublie dans l’observation de cette petite tache rouge immobilisée sur ce vert paillasson. Je compte les points noirs, espoir … « Coccinelle, demoiselle, bête à Bon Dieu, coccinelle, demoiselle, vole jusqu’aux cieux, petits points rouges, elle pige, petits points blancs, elle attend… » * Instant suspendu.
Des gouttes d’eau me sortent peu à peu de ma torpeur. Je m’incline pour m’abriter de la pluie, ma petite protégée. Il pleut de plus en plus fort. Je reste focalisée sur ce trésor de la nature jusqu’à ce que l’averse se mue en un mur de pluie, telle un rideau de fer qui me scie la tête. Je me lève brusquement et cours me réfugier sous un arbre plus touffu, écrabouillant au passage l’insecte sous mes pieds. « Petits points noirs, coccinelle, au revoir ! »
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* Paroles de la comptine « Coccinelle, demoiselle »
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