« Cursus honorum »

Démarrons notre série « Silhouettes » avec celui de Maximilien qui nous plonge dans les couloirs et sur les bancs de l’université. Bonne lecture !

« Cursus honorum »

Celles et ceux qui s’agglutinent dans ce couloir étroit, à l’esthétique universitaire douteuse, pour le premier cours de l’année. Celui qui arrive trente minutes en avance, à des fins stratégiques. Celui qui rase les murs, baisse la tête, relâche les épaules. Celle qui est imperturbable, assise en tailleur, à la croisée des chemins. Celui qui ne fait qu’un avec son mur. Furtif. Celui qui s’exclame, qui s’égosille, qui absorbe un espace pourtant délimité. Celle qui tend la jambe et celui qui trébuche. Celui qui titube. Celles et ceux qui soupirent et qui suffoquent. Masque sous le nez, sur le bras ou sur la tête. Celle qui passe en revue et ceux qui ne progressent qu’en bande.

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Il a trente-cinq ans. Agrégation en poche, poste chauffé par son directeur de thèse, costume payé par papa. Il embrasse une carrière de pédagogue. Trente-cinq ans et quelques mois de « terrain » : les cernes, les tics et les yeux globuleux, c’est tout un style. Un premier bouton de costume s’envole, c’est le métier qui rentre. Quarante ans, il boite. Difficile d’enjamber un piquet de grève.

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Tu es celui qui sait. Celui qui se sait au-dessus des autres. Tu gardes pour toi, bien au fond, ton lot de doutes et d’angoisses. Cette peur d’être pris en défaut. Tu débaroules dans un couloir avec ton café-noisette de distributeur. Tu regardes ces étudiants dans le blanc des yeux et tu te sens investi de la plus noble des missions : enseigner l’histoire de la monnaie polonaise au XVIIe siècle.