Aujourd’hui, c’est Anne qui vous raconte l’histoire d’Yvelina, une héroïne du quotidien. Un récit tout en délicatesse, émouvant. Bonne lecture !
Toujours debout
Maintenant tout semble urgent. Nettoyer la douleur qui les a ensevelis, il y a à peine une semaine. Ignorer la fatigue qui s’est incrustée dans ses veines. Les nuits blanches, les préparatifs de la cérémonie. Puiser dans ce qu’il peut lui rester comme force pour oser envisager l’après, et réaliser l’insoutenable qu’il n’est plus là, qu’il ne sera plus là.
Il est presque deux heures du matin. Le silence dans la maison s’est installé. Yvelina a couché les enfants, est restée auprès de chacun jusqu’à ce qu’ils s’endorment. Seul, Arturo n’a pas trouvé le sommeil. Il n’y aura plus comme chaque soir de « A demain, champion ! » Dans la cuisine, elle prépare les cinq bols pour demain, jour de retour à l’école après l’enterrement. Ses yeux lui brûlent. Elle fait redéfiler l’enchaînement des jours depuis la terrible annonce. Deux heures du matin sonnent. Dans trois heures trente, elle devra être debout. Puis, se préparer pour ensuite réveiller les deux plus grands, Nilson et Mélissa, à 6h, puis à 6 h10 réveiller Arturo, Clarisse et Myrélà. Elle les déposera ensuite chez sa voisine Christina, qui veut bien s’en occuper le temps qu’elle puisse se retourner.
Yvelina éteint la lumière de la cuisine, va dans la chambre des garçons. Arturo a fini par s’endormir. Puis, dans celle des filles. Sur chacun de leur front, elle dépose un baiser qui scelle une promesse secrète de ne jamais les abandonner et de ne jamais flancher. Dans trois heures, elle se doit se lever. Christina regarde à travers la fenêtre s’éloigner Yvelina comme chaque matin que Dieu fait. Bon sang, comment fait cette femme pour tenir, ne jamais se plaindre ? pense Christina. Cela fait maintenant cinq ans que Miguel, son mari n’est plus là. Comment fait-elle pour ne jamais flancher ? Jamais malade, toujours debout.
Les enfants ont bien grandi. Nilson et Mélissa sont devenus de beaux adolescents, toujours à vouloir donner un coup de main quand Christina revient trop chargée des courses, surtout depuis que son dos fait des siennes. Aucun de ces cinq petiots n’a mal tourné, pourtant ce n’est pas les mauvaises fréquentations qui manquent dans l’immeuble ou dans le quartier. Quand Christina a un petit coup de blues, elle pense à Yvelina et ça lui redonne de la force.
Chère Mamacita adorée,
Te voici arrivée à l’aune de tes soixante ans, tu es toujours aussi belle et aussi jeune malgré toutes ces années, toutes ces épreuves. Nous voulions te dire combien nous sommes fiers d’avoir une maman comme toi, tu as toujours été là pour nous, depuis la mort de Papa. Tu nous a protégés, tu as veillé sur nous et parfois sacrément engueulé quand il le fallait !! C’est toi qui a fait ce que nous sommes aujourd’hui. Tu as été et tu resteras notre soleil à nous tous !! Tu es à jamais notre boussole. Et comme tu n’as pas souvent pensé à toi, nous t’offrons un voyage où tu n’auras pas à t’occuper des autres, c’est toi qui sera la reine.
Nous t’aimons plus que tout.
Tes enfants Nilson, Melissa , Arturo, Clarisse, Myrélà et tes petits enfants
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