17 septembre 2022 – À Mots croisés sur le Forum des Associations (suite et fin)
Si de nombreux visiteurs ont répondu à notre petit quiz « J’aime écrire… ou pas » (voir notre actualité d’hier), d’autres se sont attardés sur notre stand pour participer à un petit défi d’écriture. Lajihan, Clémentine, Christophe, Alexandre, Carmen et Francine ont pioché un mot au hasard dans un « Pot à mots » et, malgré le cadre un peu bruyant, ils ont réussi à se concentrer sur leur sujet. Françoise, elle a tiré au hasard un incipit, première phrase d’un récit de l’année, signé d’Alexandre, un écrivant d’A Mots croisés.
Nous vous souhaitons une bonne lecture !
Caramel par Lajihan (11 ans)
Mon père m’a préparé un gâteau au caramel pour mon anniversaire. Il avait un goût magique, un goût tellement bon que je ne pouvais y résister.
Un jardin extraordinaire par Clémentine (11 ans)
Dans mon jardin extraordinaire, il y a des fleurs géantes, des herbes qui sentent la camomille. Un matin, je me suis réveillée dans mon jardin. De nouvelles fleurs y avaient poussé. Un lapin aux petites oreilles m’a dit : « Suis-moi dans mon jardin secret ! ». Je me suis levée, je l’ai suivi jusque dans son jardin. J’ai ouvert grand les yeux. Il y avait des milliers de papillons qui volaient, des abeilles et des bourdons. Le lapin m’a expliqué que, quand il était petit, il avait une grande famille. Un jour, quand il s’est réveillé, sa famille avait disparu. Il l’a cherchée partout où elle aimait aller. Le soir, quand il est allé se coucher, il entendit une petite voix. La mienne. Je lui disais de rester avec moi. Il m’a reconduit dans mon jardin extraordinaire.
Une plage par Christophe
Être sur une plage, c’est regarder dans mes rêves la rive en face que l’océan sépare ou relie, c’est selon.
Je ressens comme une respiration, un appel du large qui remplit le corps d’une sensation de liberté retrouvée. Rester immobile en scrutant l’horizon, y discerner un visage qui sourit, une silhouette qui tend la main au-dessus du creux des vagues pour m’inviter à partager nos solitudes. Le corps et l’esprit se remplissent de sérénité, de plénitude, me sachant accompagné dans ma quête. Quête de quoi, au juste ? Je ne sais pas le dire avec des mots, mais je mettrai une bouteille à la mer quand même. On ne sait jamais ce que nous réserve la vie. La liberté d’aimer.
Une forêt enchantée ou L’oubli des jours par Carmen
D’un geste machinal, elle rejette la couverture et, comme chaque matin, pose un pied puis l’autre sur la descente de lit à la trame usée. Le réveil l’a tiré de son sommeil et de ses rêves aussitôt dispersés dans l’air. Sa chambre à des allures de musée vieillot encombrée d’objets hétéroclites. Figée par le temps, dans cette pièce rien ne bouge, rien ne change. Ça, elle ne le veut surtout pas. Chaque chose raconte son histoire. Une histoire qui n’appartient à personne d’autre qu’elle.
Le café qui passe dans la cuisine, exhale une douce odeur. De la buée se colle à la fenêtre. Octobre est déjà là avec son cortège de petit jour brumeux, de soleil à peine éclairant et de senteurs de feuilles mortes.
La radio diffuse les dernières nouvelles. Ce seront les mêmes tout au long de la journée, alors elle les écoute d’une oreille peu attentive. Puis, le fauteuil voltaire cramoisi du salon tendra des bras bienveillants à la vieille femme. Avec un peu de télévision, un peu de lecture, un peu de mots croisés et beaucoup de solitude la journée filera identique à celle d’hier et certainement pareille celle de demain. Dans la forêt de ses souvenirs d’autrefois, elle fait resurgir de sa mémoire des moments de bonheur volés à la maladie. Des petits riens qu’elle arrache au silence de sa vie. Entendre encore des bruits de pas d’enfants, des portes qui claquent de colère, des gouttes de pluie d’un manteau sur le sol de l’entrée. Parfois, un doux sourire se dessine au travers des rides de son beau visage. A quoi peut-elle bien penser ? Elle qui ne semble plus vivre depuis si longtemps, enfermée dans sa propre tête. Nul ne le saura jamais. Nul ne saura quelles ont été ses heures enchantées.
Un bouquet de fleurs par Alexandre
Je me promène le long de la rue cyclamen, gonflé par la vie dans l’attente de nos rendez-vous imprévus. J’aime imaginer son visage, revoir son sourire et ses mains. Non, je ne peux pas lui offrir un bouquet de fleurs, ce serait trop banal. Est-ce qu’elle aime les fleurs ? Pas si sûr… Un bouquet de fleurs en chocolat serait plus prudent… La pluie arrive, un sms aussi… Je devais m’en douter.
Je m’asseois sous l’abri-bus et dévore ses fleurs qui me consolent.
Un bouquet de fleurs par Carmen
Février étale sa froide pâleur.
Ce matin, même les arbres pleurent
Sous le poids du givre
Sous le vent qui les figent
La porte du cimetière grince
Elle s’offusque et pince
La main qui ose la bascule,
Cruelle et métallique mandibule.
Une vieille femme au dos courbé
Entre dans le jardin des oubliés.
Dépose tel un accroche-cœur
Sur la tombe de l’aimé, son bouquet de fleurs.
Un bouquet de fleurs par Francine
Bouquet de fleurs
Fleurs et prairie
Fleurs d’Asie
Fleurs des montagnes
Fleurs d’intérieur
Fleurs du désert
Fleurs en peinture
Fleurs des jardins
Fleurs des Antilles
Fleurs en plastique
Fleurs de pépinière
Fleurs fraîches
Fleurs séchées
Fleurs en papier
Fleurs des bois
Fleurs d’Afrique
Et fleurs de mon cœur
Assis sur un banc vert, incipit d’Alexandre, récit imaginé par Françoise
Assis sur un banc vert, je vois passer les cigognes qui s’envolent vers les fins fonds du ciel. Peut-être vers l’Alsace. Aujourd’hui, c’est l’automne, le ciel est gris. Partout, je les vois voler. Marrant, ce banc vert, il est là, immobile. Il en a vu passer des gens, des animaux, des insectes. Et, pourtant, il est là, il attend que le temps passe.
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