Adélaïde reprend le personnage qu’elle a fait vivre dans de précédents récits pour nous raconter… un rêve éveillé ! Bonne lecture !
Le rêve éveillé
Quand j’étais ado, avec des amis, on est allé faire une quête d’identité dans la forêt. Concrètement, tu prends des drogues et tu rêves éveillé.
Ça a commencé doucement pour moi. Je me sentais détendue, j’ai commencé à sourire pour un rien. Je me suis mise à regarder le ciel, les étoiles se détachaient sur la voûte bleue marine et d’un seul coup, j’étais parmi elles. Je voyais la Terre au loin. Je me sentais petite et légère. Mais surtout seule. Très seule. Trop seule.
Alors j’ai décidé de sauter, de rejoindre la Terre qui m’attirait, elle m’aspirait presque. J’ai enfilé mon sac à dos et j’ai plongé. Je voyais le vent, l’air qui défilait comme dans un dessin animé, mais je ne le sentais pas sur mon visage.
La montagne se rapprochait, sans crainte. Je ne l’ai pas heurté, j’ai glissé dans ses toboggans de glace. Enfin je me voyais glisser. Je me suis arrêtée soudainement à un croisement, sur une piste de ski. Une femme est passée, elle m’a dit qu’elle avait appelé mes parents. Je les ai donc attendus.
Ils sont arrivés, une petite fille brune entre eux, entre sept ou huit ans, qui s’est jetée dans mes bras. Je me suis reconnu d’un seul coup. Je me suis bercée moi-même et j’ai commencé à pleurer. Je sentais, tu vois les larmes qui coulaient sur mes joues dans cette montagne et en même temps j’étais assise dans cette forêt et mes doigts touchaient mes joues sèches. Puis, le rêve m’a happé de nouveau.
J’ai lâché la petite fille, l’ai prise par la main et l’ai emmenée se promener avec moi. Un renard nous a accompagnés, il marchait debout. Etrange non ?
On est entré dans une forêt, qui est devenu une jungle, puis un désert, puis une oasis. On s’est arrêté pour boire un arbre.
D’un seul coup, je me suis sentie rapetisser et je ne me suis pas vue grande et adulte. Je me suis mise à courir car je sentais un loup derrière moi, il me pourchassait. Alors qu’il était sur le point de m’attraper, tranquillement je me suis retournée et je l’ai griffée. Il s’est ouvert en deux, et mon professeur de primaire en est sorti.
Quand je l’ai vu, j’ai le cœur qui s’est emballé, ma respiration s’est hachée. Le loup ne me faisait pas peur, mais cet homme me terrifiait. Il m’a demandé, et sa voix résonnait dans toute la grotte, de réciter mes tables de multiplications en jouant à la marelle. Je me suis mise à sauter sur un pied en essayant de réciter les tables et j’ai fini par tomber sur un tas de feuilles. J’ai commencé à m’enfuir pour ne pas qu’il m’attrape, mais brusquement je me suis sentie en sécurité. Le loup était là, il me protégerait.
Tu y crois toi, à ce loup, déjà présent ? J’étais ado, je ne pouvais pas deviner ?
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Illustration
Décor « Si t’es Môme », Léonard Thoyer, 2019
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