« Mémoire vive »

Deuxième mensonge proposé par Anne. Même tonalité que le premier. Place à l’humour noir !

Mémoire vive

Il régnait dans l’amphithéâtre une atmosphère quasi religieuse. Tous les étudiants et étudiantes avaient délaissé leur objet d’addiction et buvaient les paroles de ce charismatique intervenant que l’université avait fait venir dans le cadre du programme «  Transmission et mémoire ». Il était là assis dans ce fauteuil en cuir que le recteur avait fait déplacer de son bureau.Sa voix grave, suave aux accents rocailleux égrènait avec solennité des instants de vie qui captaient l’attention de ses futurs diplômés, du moins on leur souhaitait. Jamais un cours n’avait été aussi silencieux. 

Le vieil homme forçait l’admiration d’Elena assise au premier rang. Cet homme, au péril de sa vie, avait caché dans sa maison près de la frontière espagnole de nombreux enfants. A la fin du cours, elle se précipita vers l’ange et lui demanda un selfie. Elle se souviendrait encore longtemps de ce témoignage. Le dimanche suivant, lors de retrouvailles en famille, elle évoqua avec passion l’inoubliable rencontre et montra la photo à tous, même à sa grand-mère, sa babouchka préférée qui avait écourté le repas familial pour se reposer dans le fauteuil près de la cheminée. A la vue de l’écran, la vieille dame blêmit comme épouvantée par un fantôme. C’était lui, elle le reconnut le bourreau d’Hendaye, qui avait torturé sa mère sous ses yeux, alors qu’elles étaient sur le point de franchir la frontière.

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