« Comment une révolution peut indirectement aider à changer un parcours personnel »

Inspiré par son parcours professionnel où il fut d’abord prof d’allemand, puis journaliste, Laurent nous raconte dans son autofiction combien la vie peut être impactée par l’Histoire. Bonne lecture !

« Comment une révolution peut indirectement aider à changer un parcours personnel »

« Tu adores voyager, papa. Je ne comprends pas pourquoi tu ne cherches pas à travailler comme correspondant à l’étranger », m’a, un jour, dit ma fille quand elle avait huit ans.

Elle avait touché juste, la bougresse ! Mais je n’étais pas encore titulaire à France Télévisions, l’entreprise pour laquelle je travaillais. De plus, son service étranger était une forteresse où l’on n’entrait que par cooptation ou relation.

Le hasard fait parfois bien les choses. En 2011, l’on m’a proposé une mission en Tunisie où venait de se produire une révolution. Laquelle avait renversé un dictateur rapace. Il s’agisssait de couvrir les élections destinées à doter le pays d’une assemblée constituante.

Je suis arrivé dans un pays bouillonnant et fier de lui-même. La population vibrait dans l’attente de ces premières élections libres. Le matin du scrutin, des foules immenses attendaient devant les bureaux de vote. La joie et l’espoir étaient dans l’air. Un moment unique où l’on pense que les lendemains peuvent être heureux.

J’allais partout. Je rencontrais des personnes de tous les milieux, des ministres, des chauffeurs de taxi, des commerçants, des employés, des ouvriers, des pauvres, des riches… J’ai compris que j’étais là dans mon élément. Je me sentais un peu comme un intermédiaire entre mes lecteurs et le pays dont j’étais l’hôte.

Parlant le français dans ce pays francophone, je trouvais toujours quelqu’un pour me comprendre. Je pouvais ainsi écouter et m’exprimer quasiment sans intermédiaire. Le meilleur moyen pour tenter de se fondre un peu dans la population et de mieux en appréhender la mentalité. En une semaine, j’ai pu écrire sur tous les sujets : la politique bien sûr, mais aussi la société, la culture, l’histoire… Je travaillais 15 heures par jour. Mais j’étais heureux car totalement dans mon élément.

Il se trouve que mes collaborations ont plu. J’ai été titularisé au moment où les vieux dinosaures du service étranger commençaient à partir en retraite. N’appartenant à aucune coterie influente, je n’étais pas l’un des candidats les mieux placés pour leur succéder. Mais je parle plusieurs langues et j’ai rendu des services de traduction à une personne bien placée, qui a su me rendre la pareille.

Finalement, j’ai posé ma candidature à un poste de correspondant en Allemagne. Et contre toute attente, j’ai été pris. Cela m’a évidemment posé quelques problèmes familiaux. Mais j’ai pu partir pour Berlin. Pendant trois ans, j’ai parcouru un pays en train de digérer son unité, qui s’interrogeait sur son nouveau statut. C’était passionnant. Et aussi très stressant, surtout quand il fallait répondre à toute heure à des demandes de sujets parfois très saugrenus. En même temps, ma position d’expatrié et d’intermédiaire me donnait une distance très utile pour traiter les sujets en sachant ce qui pouvait intéresser un public français. J’ai ainsi pu faire des propositions qui ont eu un certain succès. Suffisamment pour ensuite devenir correspondant à Londres. Mais c’est là une autre histoire…

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