Changement radical d’univers avec Nathalie. Après un autoportrait humoristique, elle poursuit par une autofiction très crédible. Bonne lecture !
L’analyse
Je suis née un dimanche de chassé-croisé entre les juilletistes et les aoûtiens à Bagneux.
Je suis la dernière d’une fratrie de deux garçons. Ma mère a mis douze heures de travail car la sage femme lui a dit que je me présentais en siège et à l’auscultation que j’étais un garçon car elle touchait le sexe du bébé.
Raté ! Je suis une fille et je me suis présentée face la première. Le sexe touché était en réalité mon nez. Ce difficile accouchement m’a laissé des tâches « lit de vin » sur la globalité de mon visage pendant trois mois. Donc, les photos en couleurs ont commencé à partir de cette amélioration.
J’ai cinquante et un ans et je ne suis pas fan des photos portraits et encore moins des selfies où je trouve qu’il faut être auto-centré. Par contre, mon loisir est de photographier des inconnus et la famille. Je cumule un tas de portraits tous différents, ce n’est pas pareil que son auto-portrait car je m’invente l’histoire du personnage et j’imagine sa vie.
Mon travail que dire ?
J’ai effectué un doctorat en médecine à l’Université Paris V René-Descartes en spécialité psychiatrie. J’ai toujours voulu connaître les méandres de notre cerveau. J’aime bien les études mais j’avais hâte d’avoir mes propres consultations pour suivre les patients dans leur parcours personnel pour soulager les blessures de l’âme et trouver un moyen pour les soigner.
Aujourd’hui, je suis arrivée à mon cabinet à neuf heures pour enchaîner les consultations jusqu’à dix neuf heures : que d’anamnèses différentes et de pathologies diverses.
Mon premier rendez-vous est un homme aux troubles compulsifs obsessionnels compulsifs. En rentrant dans mon cabinet, il renferme la porte dix fois, passe le couloir à reculons puis s’installe sur la chaise la moins confortable. Lorsque je viens le chercher dans la salle d’attente, il me répète dix fois « bonjour Docteur ». Ma satisfaction est qu’il progresse pas à pas grâce à la thérapie et au traitement médicamenteux mis en place, avant il le disait vingt cinq fois. J’ai bon espoir que ses troubles disparaissent.
Mon dernier patient est une femme qui me consulte depuis vingt ans. Elle me trouble car nous avons le même âge et parfois je me reconnais au travers d’elle. Cela me déboussole et c’est pour cela que je lui donne rendez-vous toujours le mercredi soir avant mon propre entretien avec mon psychiatre qui effectue ma supervision thérapeutique.Je débriefe très souvent sur cette patiente car nos vies se croisent. Lors de mes séances, il m’arrive de m’écrouler en pleurs face à ma situation personnelle.
Mon couple bat de l’aile, mon fils s’est fait renvoyer de son lycée et ma fille m’a traitée de mère indigne. Heureusement que Sigmund Freud et ses confrères ont démocratisé la psychanalyse.
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