C’est au tour de Francine de partager un petit bonheur de son enfance. Bonne lecture !
Souvenir piquant
Ce matin, j’enfile ma petite robe à fleurs, je chausse mes ballerines beige, jette sur mes épaules le gilet beige aussi et prends mon sac Desigual. J’attrape la plante fleurie posée sur la table, je claque la porte et descends l’escalier pour arriver à ma voiture garée dans le parking. Le soleil remplit le ciel bleu de ce jour de printemps. Je suis heureuse, je vais déjeuner chez mon fils Justin et sa petite famille dans leur nouvelle maison de la banlieue sud de Paris. Sur la route, je prends mon autre fils Octave, ainsi que mon frère Jean-Paul et sa femme Christelle qui, j’espère, seront prêts.
Nous visitons la charmante maison des années 1900 et son jardin verdoyant. Nous nous installons et nous prenons l’apéritif sur la terrasse en pierres de Bourgogne, dans une ambiance joyeuse.
Nous nous mettons à table à l’intérieur pour éviter les nuisances des guêpes et autres insectes. Après une entrée fraîche de tomates mozzarella basilic, Victoire, ma belle-fille, nous apporte un rôti de bœuf et un grand plat de frites maison. Les plats tournent autour de la table et chacun se sert en viande et légumes. Bien sûr, pas de rôti sans moutarde. Je prélève une bonne pointe de couteau que je pose sur le bord de mon assiette.
Première bouchée, la moutarde me monte au nez. En un éclair, je me retrouve dans la salle à manger de mon enfance. Autour de la table, mes parents et mon frère. Je réclame de la moutarde pour manger mon steak haché. Mon père me donne une noisette pour goûter, en me recommandant de ne pas en mettre beaucoup. Je le copie, enfourche un peu de viande, prends un peu de moutarde que j’étale. Je mets le tout dans ma bouche. Et là, mon nez me pique, des larmes coulent sur mes joues. Ma petite main frotte mon nez avec vigueur. Mais fière, j’affirme que j’aime cela, sous les éclats de rires de mes parents. Un moment un peu douloureux, mais un moment de petit bonheur familial. Cet enchantement, je le revis aujourd’hui avec ma famille. Je reprend un bout de viande avec un peu plus de moutarde, je renouvelle l’expérience. Je veux retrouver un peu de cette enfance et de ce moment indéfinissable.
Le bavardage, les rires et le bruit des couverts me ramènent à la réalité. Je fais le tour de table avec un sourire aux lèvres. Instant de félicité.
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