« Au parc »

Aujourd’hui, Francine nous transporte dans un coin de verdure pour une rencontre qui va, contre toute attente, se révéler créatrice. Bonne lecture ! 

Au parc

Aujourd’hui, vendredi 13 avril 2018, journée de printemps ensoleillée. C’est ce que nous a promis la météo des infos de RTL2 de ce matin. En effet, de la fenêtre de ma petite chambre de bonne, je peux voir le soleil éclabousser de ses rayons les toits en zinc de Paris. C’est décidé, je ne reste pas enfermée entre ces murs au papier défraîchi à fleurs roses. J’enfile mon jean, mon chemisier banc à rayures bleues et mes jolis escarpins blancs. Je descends quatre à quatre les escaliers en bois ciré de l’immeuble numéro 21. Je traverse l’avenue Simon Bolivar entre les voitures arrêtées au feu rouge. D’un pas léger, je m’engouffre dans le parc des Buttes Chaumont. Je déambule dans les allées sablonneuses ou goudronnées, je regarde le nez en l’air la nature s’éveiller, les fleurs de narcisse, de tulipe et de primevère s’épanouir dans les parterres, les premières feuilles verdir les branches des bouleaux, chênes et autres arbres et arbustes, les oiseaux danser dans le ciel bleu et faire entendre leur chant, le parfum acidulé des viornes et des aubépines vole dans l’air.

•Je choisis un banc en bois vert pour m’atteler à mon écriture. Devant les pages blanches, je cherche l’inspiration. Mon attention est sollicitée par les passants qui parlent et rient fort, par les enfants qui courent et crient, par le vent qui joue avec mes feuilles de papier, par le soleil qui me brûle le crâne, par le bruit de fond de la rue et des coups de klaxon qui me font sursauter. J’ai beaucoup de mal à me concentrer et à coucher mes mots sur les pages. Quelle suite donner à l’histoire de son héroïne : « Elle se tient debout sur le promontoire au-dessus de la mer, elle regarde l’horizon. Dans sa tête mille pensées se bousculent. Elle se pose beaucoup de questions depuis sa dernière visite chez le médecin… »

Un ballon bleu foncé qu’un enfant a lancé d’un coup de pied maladroit, vient taper mes jambes. Le gamin me sourit, son regard aux yeux noirs et malicieux m’amuse. Il ramasse sa balle, se retourne et court vers le siège un peu plus loin. Sa mère est installée sur une chaise pliante en toile aux couleurs bayonnaises, elle le reçoit dans son giron et l’embrasse. Je reprends la plume : «L’image de son fils s’avançant vers elle les bras tendus, ses éclats de rire lors de leurs jeux de société, les lectures dans son lit pour trouver le sommeil. Elle se souvient de sa jeunesse et du bonheur d’être mère… »

Maintenant, le bruit d’un moteur arrête mon observation. Un jardinier tout de vert vêtu passe la tractrice tondeuse sur l’herbe pas encore très haute. L’odeur herbacée du gazon titille mes narines. Encore quelque chose qui me distrait de mon travail. Le petit bonhomme court et tape sur son ballon au milieu de la pelouse en riant de bon cœur. La boule bleue frappe la machine qui se stoppe d’un coup. L’homme descend de son engin et prend le bambin dans ses bras, traverse l’espace vert en lui parlant gentiment. Il se dirige vers sa mère. Je perçois ce qu’il lui dit : « Chérie, fait attention à Julien. C’est dangereux quand je suis sur ma bécane. Je travaille, moi » et il lui pose affectueusement le garçonnet sur ses genoux. Mon stylo file sur le papier : « Quand son fils la regardait et lui demandait « Maman, tu veux jouer au ballon avec moi », ce souvenir lui dessine un sourire sur ses lèvres ridées… »

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