« Des croissants, des brioches, des madeleines ! Tout ça pour nos cinq ans de mariage ? Tu as mis tout ça dans ton sac à dos ? » Alice réalise, avec angoisse, qu’elle parle toute seule. « Jordan, t’es où ? » L’inquiétude la gagne. Elle aperçoit un petit bout de papier coincé dans sa tasse en aluminium. « Il est cinq heures. Tu sais pour les Anglais, la vie s’arrête ! La mienne aussi ! Je t’aime.» Nooon, Jordan, tu ne peux pas me faire ça ! Alice court jusqu’au canyon. Il est là … au fond du précipice.
Onomatopées / Interjections
Hummm, que ça sent bon, tout ça ! Miamm miam, j’en ai l’eau à la bouche ! Ouaah, on va se régaler, mon amour ! Ouh, ouh, t’es où ? Ha ha ha, tu joues à cache-cache ? Pffff, attends un peu ! Hop, hop, hop, je vais t’attraper ! Tiens, y a un papier dans mon gobelet ? Avec un rébus ? Argh !!!
Une pendule qui marque cinq heures, un panneau STOP et un cœur brisé d’où s’échappe une bulle avec les mots « SMACK » et « SCRATCH ».
Boum, boum boum… mon cœur bat à toute vitesse ! J’ai peur d’avoir compris… Je me précipite vers le canyon. Vlan. Je me prends une énorme claque. Jordan est au fond… inerte comme un pantin … J’hurle ma douleur ! Argn ! Greuuuu ! Whouahhh!
Anglicismes
Jordan et Alice, nos célèbres French lovers de la saison 1 de « The Loft » fêtent leur cinq ans de mariage en Arizona. Deux semaines all inclusive avec road-trip qui devaient être une parenthèse dans une période difficile pour Jordan. De retour au lodge style British, ils se prélassent dans le spa en se remémorant les highlights de la journée. Alice retourne la première à la chambre pour se faire un look pour la soirée, puis gagne le lounge pour y attendre Jordan.
Confortablement assise dans un fauteuil club en cuir marron, elle parvient presque éviter les flash-backs sur le séjour de Jordan à l’hôpital… Elle dégaine son iPhone pour poster quelques photos sur Insta. Elle upload la story de la journée, scrolle les feeds de ses followers et like leurs meilleures photos. Après quelques minutes, l’écran affiche « LOW BATTERY ». « C’est pas cool », pense-t-elle en relevant la tête. Elle découvre alors le buffet du high tea: « Des scones, des shortbreads, du cake au gingembre, des sandwiches au concombre ! » Quand soudain, son regard se pose sur un mug avec un post-it rose fluo : It’s five o’clock, Sweetheart. Sooo sorry. Byyye. Love you suivi d’un smiley ! Alice imagine l’inimaginable, speede vers le canyon. En contrebas, Jordan… inanimé. GAME OVER.
Mail
Très chers parents,
Si je vous écris aujourd’hui, ce n’est pas pour vous envoyer des photos de notre voyage à travers l’ouest américain, ni pour vous raconter combien ses paysages et ses parcs nationaux sont merveilleux…
Je dois vous annoncer, qu’hier soir, nos vacances se sont arrêtées à l’heure du thé. Vous savez que Jordan ne supportait plus ses traitements. Il savait sa maladie incurable. Il est parti. Sa vie, et la mienne, ont basculé à Antelope Canyon.
Je suis submergée par le chagrin. Je ne sais quand je serai de retour… je dois m’occuper de toutes les formalités… c’est dur…
Je vous aime et vous embrasse,
Alice, plus seule que jamais
Interrogatoire
Page, Arizona – 14 juin 1996. Une Ford Sedan vient de déposer Alice au commissariat, escortée de deux policiers.
Complètement déboussolée, le visage livide, les yeux hagards, elle ressemble à une zombie, malgré sa robe longue d’un profond bleu turquoise totalement anachronique.
Un officier l’appelle. « Veuillez décliner votre identité ! Vos papiers, s’il vous plaît ! » Alice s’exécute.
« La victime est votre mari ? Vous êtes mariée depuis quand ? Profession ? Et celle de votre mari ? Votre couple était-il heureux ? Avez-vous des enfants ?
Vous êtes en vacances ? Dates d’arrivée et départ ? Sur quels vols ?
Racontez-moi votre journée ? Où étiez-vous entre 14 et 17 heures ? Quand avez-vous vu votre mari vivant pour la dernière fois ? Comment était-il ? Que vous a-t-il dit ? Est-ce que l’on vous a vus ensemble ? Précisez, s’il vous plaît. C’était où ?
Votre mari prenait-il des médicaments ? Lesquels ? Depuis combien de temps ? Et, vous ?
Qu’avez-vous bu aujourd’hui ? Qu’avez-vous mangé ?
Avez-vous autre chose à ajouter à votre déposition ?
Nous avons transporté le corps de votre mari à l’hôpital et allons procéder à l’autopsie. Vous pouvez regagner votre hôtel pour contacter un avocat. Vous avez interdiction de sortie du territoire. Nous alertons immédiatement la police des frontières. »
Alice est sonnée. Serait-elle accusée du meurtre de son mari ? Inimaginable…
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