« Intermède inattendu »

Au gré des récits « On a sonné à la porte » imaginés par nos écrivants,  vous avez pu découvrir des histoires de portes ouvertes sur des univers insolites, surprenants, graves ou joyeux.

Nous vous invitons à explorer une dernière piste : celle tracée par Carmen, notre fidèle abonnée sur Facebook, très enthousiaste à répondre à notre appel à textes sur ce sujet.

Bonne lecture et bon 14 juillet !

✍🏻✍🏻✍🏻

Intermède inattendu 

Ce fauteuil devient si grand pour moi. J’ai l’impression de fondre chaque jour un peu plus. Je vais finir par disparaître dans le velours cramoisi et les accoudoirs délabrés. Du lit de ma chambre au fauteuil du salon, je m’ennuie tellement que même les murs transpirent ma solitude.

Dring dring

Moi qui me plaignais d’être seule, voilà que l’on me dérange au moment de ma sieste quotidienne.

Dring dring

Il insiste le bougre et personne dans cette maison pour aller ouvrir cette fichue porte. Comme si j’étais la seule à entendre. Un instant, j’arrive !! C’est que je n’ai plus vingt ans pour courir au premier coup de sonnette.

« Raymond ? »

« Oui, Germaine, c’est bien moi !»

«  Et tes clefs, tu ne pouvais donc pas les prendre en partant ? »

«  Germaine, voyons, un linceul n’a pas de poches ! Et puis, j’ai le plaisir de te voir m’ouvrir la porte ! »

«  Tu es incorrigible, je vais retourner à ma sieste. Tu rentres ou bien as tu l’intention de passer la journée sur le seuil. » 

«  Je ne vais pas rester. Je suis venu pour te chercher. Allez viens ! »

C’est qu’il commence à m’agacer. Il part, un beau jour, sans crier gare et aujourd’hui, il faudrait que je le suive.

«  Raymond, aurais-tu perdu l’esprit ? Partir sur un coup de tête, cela ne te ressemble vraiment pas. »

«  Tu sais les choses changent, les gens changent. Tous ces petits riens pour lesquels nous nous sommes tant chiffonnés et bien ils n’ont plus d’importance désormais. Germaine, le paradis sans toi à mes côtés a le goût de l’enfer. L’éternité sans ton amour, autant vivre, ce serait moins dur. »

Ça y est, je sens mes yeux s’embuer. Gros malin, va !!

«  Raymond, jamais tu ne m’as parlé ainsi. Moi je croyais que tu ne m’aimais plus. »

«  Je n’ai aimé que toi. C’est le temps qui a émoussé les mots dans ma bouche. Allez, passe la porte. Tu verras, la mort vaut la peine d’être vécue. » 

« D’accord Raymond, laisse-moi attraper ma canne. » 

« Ta canne? Regarde ! » 

«  Mais je marche, je marche sans boiterie. Moi qui grince à chaque pas. Attends, il y a du raffut au salon. » 

MAMAN, MAMAN RÉVEILLE TOI, A L’AIDE ! 

«  Raymond, regarde, je vais pas pouvoir venir avec toi. Ma fille, notre fille…

«  Germaine, écoute moi. Tout va très bien se passer pour elle. Elle guérira très vite. Et puis, je t’en fais le serment, le moment venu, nous reviendrons la chercher pour lui faire passer la porte. »

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