Ce soir, sous les drapeaux en berne de l’Hôtel de ville, une foule très émue était rassemblée pour rendre hommage à la mémoire de Samuel Paty, enseignant d’histoire et de géographie dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine, assassiné parce qu’il faisait son métier.
Après une minute de silence, Marie-Hélène Amiable, Maire de Bagneux a salué sa mémoire, lui qui n’avait que « pour seul objectif d’éveiller les consciences et de favoriser la liberté d’expression. (…) Parce qu’à travers cet enseignant, c’est l’école tout entière qui est touchée, c’est ce lieu d’apprentissage des savoirs et de la citoyenneté, cette institution centrale de notre République qui est ciblée. (…) Il ne faut rien lâcher pour favoriser le respect, montrer que les différences ne sont pas une source de conflit, mais de richesse. (…) Demain, après-demain, il nous faudra continuer à refuser la terreur et les divisions, à agir pour faire respecter toute la devise de notre République – Liberté, Egalité, Fraternité ».
La cérémonie – ponctuée de quelques morceaux musicaux – s’est poursuivie par la lecture du texte « Je vis dans un pays », spécialement écrit par À Mots croisés pour cet hommage, et de quelques poèmes universels « Liberté » de Paul Eluard et « J’atteste » de Abdellatif Laâbi que nous vous invitons à lire ci-dessous.
Hommage à Samuel Paty
De A Mots croisés
Je vis dans un pays
Où on est libre d’écrire, de penser
De rire et dessiner
Je vis dans un pays
Où on forme des citoyens éclairés
Mais … je vis dans un pays
Où l’on meurt d’enseigner
Je vis dans un pays
Où contre la haine, nous devons ensemble lutter
Je vis dans un pays
Où jamais Samuel ne devra être oublié
Je vis dans un pays
« Liberté, égalité, fraternité »
Liberté
De Paul Éluard (extraits)
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
(…)
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
(…)
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
(…)
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
J’atteste
De Abdellatif Laâbi
J’atteste qu’il n’y a d’Être humain que
Celui dont le coeur tremble d’amour pour tous ses frères en humanité
Celui qui désire ardemment plus pour eux que pour lui-même liberté, paix, dignité
Celui qui considère que la Vie est encore plus sacrée que ses croyances et ses divinités
J’atteste qu’il n’y a d’Être humain que
Celui qui combat sans relâche la Haine en lui et autour de lui
Celui qui dès qu’il ouvre les yeux au matin se pose la question :
Que vais-je faire aujourd’hui pour ne pas perdre ma qualité et ma fierté d’être homme ?
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