Le récit de Christine, riche en subtiles couleurs, vient à point, en ce début novembre. Bonne lecture !
Un souvenir
Le jour de la Toussaint, célébration des morts et fête annuelle du village de ma grand-mère maternelle.
Repas de châtaignes, de morilles et pâté à la truffe.
Les discussions politiques animées, le curé invité au café.
Une forêt noire en dessert.
Les déambulations dans le cimetière avant les vêpres.
Sur le chemin du retour, les chevaux du manège enchanté.
La barbe à papa et les glaces à la fraise. Les battements de mon cœur.
Le petit porte monnaie rose rempli de jetons.
Les cris et rires des enfants dans l’avion jusqu’au ciel au coucher du soleil.
Réveil difficile.
Une brume matinale. Les gouttelettes de la pluie sur le pare brise de notre voiture bleue.
Personne en bord de mer. Le ciel est gris. Je porte mon ciré et mes bottes en caoutchouc.
Ma mère me prend la main ; je saute dans les flaques. Une fraîcheur comme un bonbon à la menthe.
Un retour à la ville, difficile.
Ici l’herbe est bleue comme les visages.
Je n’aime pas être ici. Papa nous a laissés. Il suit la corniche. J’aperçois un point lumineux qui s’élève dans les cieux. Je crie mais c’est trop tard. Je crois que Maman a compris.
J’aperçois comme des perles sur sa joue et je serre sa main dans la mienne.
J’aimerais rembobiner la pellicule.
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