Le deuxième volet de l’atelier « Instantanés de vie » est inspiré des « 30 autoportraits sur mon lit de mort » d’Eric Chevillard. Virginie demande à chacun de choisir, après l’atelier virtuel, une dizaine de clichés, réels ou imaginaires, tout à fait indépendants les uns des autres, de les décrire un à un en cinq à dix lignes, de retracer des moments de vie qui les ont construits. C’est le lecteur qui tissera le fil conducteur entre les images.
Nous vous laissons tout au plaisir de lire le roman photo signé Carmen !
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2h30, cette nuit de janvier, je crie. Dehors il fait froid. Mon père prend sa première photo et je suis son premier modèle. Ma mère ne sourit pas.
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Un yaourt entre les mains, je suis radieuse et heureuse près de ma grand-mère qui me regarde. J’ai les yeux qui pétillent et de belles boucles brunes auréolent mon visage. Elle savoure ses instants de bonheur fugace, ils ne dureront pas toujours. Elle me sourit.
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Aujourd’hui, c’est photo de classe. A ma première coupe de cheveux, j’ai perdu mes jolies boucles. Désormais j’ai les cheveux tirés en arrière. Je ne l’aime pas ce photographe qui m’oblige à regarder fixement. Là, c’est moi qui ne sourit pas.
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Dans mon aube à la blancheur des mois de mai, je cligne des yeux, j’ai peine à les tenir ouverts. Le projecteur du studio photo m’aveugle. Tout ça pour offrir à la famille le souvenir d’une communion solennelle. J’ai du mal, c’est figé, mais malgré tout je souris.
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Pull marin trop grand, pantalon difforme et casquette gavroche sur la tête. Je complète le tableau avec un brin d’herbe au coin de la bouche, pour faire genre ! J’ai tout du garçon manqué. Mais ça me va bien, alors je souris.
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J’ai 24 ans et dans le creux de mes bras, un nouveau-né se remet des émotions de la naissance. Elle dort paisible et confiante. Je la regarde avec amour et je souris.
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Ainsi va la vie. Une succession de photos. Des instants volés, des instants fixés sur papier glacé pour une éternité qui durera tant qu’il y aura quelqu’un pour feuilleter l’album photo.
© Photos Carmen Ferchault
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