« Sachez, Messieurs »

Dernier récit imaginé par Carole où elle crie la colère de l’écrivain, fatigué du mauvais accueil de son œuvre, et plus précisément du manuscrit de « L’Arrache-cœur* », refusé par Gallimard en 1951. 

« Sachez, Messieurs »

Messieurs les éditeurs,

Je continuerai mon labeur

A bas ce malheur !

Je n’ai pas peur !

Votre décision est absurde

Elle me scie, mais elle ne brise pas les ailes

Messieurs les éditeurs, vous ne briserez pas les miennes !

Elles sont faites pour voler

J’ai grandi dans un bain de promesses

Toutes mes maladresses

Étaient félicitées par de la tendresse

Messieurs les éditeurs, vous ne briserez pas mes ailes

Elles sont faites pour voler

Je sais que ce monde est cruel

Voyez cette guerre qui prive la jeunesse de son insouciance 

Je continuerai à écrire

Dans ma poésie, l’absurdité de ce monde

Messieurs les éditeurs,

J’ai en haine vos conneries !

« Je ne voudrais pas crever

Non, Monsieur, non, Madame » **

Avant d’avoir terminé mon œuvre !

J’ai contré les vents mauvais

Messieurs les éditeurs,

Ma trompette m’a rendu heureux

Heureux de vivre la nuit jazzy

Mes amis, sont affectueux et fidèles

Qui supportent avec sourire mon verbiage

Vous l’ignorez peut-être

Je suis l’auteur de ma vie

Messieurs les écrivains, ma vie est un arc-en-ciel

Ne me croyez-vous pas ?

La tombe sera la fin de mon espérance

===

* « L’Arrache-cœur », dernier roman signé Boris Vian et publié en 1953

** « Je ne voudrais pas crever », poème de Boris Vian, issu d’un recueil de 23 poèmes publiés en 1962, après sa mort

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Crédit Photos : Archives Cohérie Boris Vian

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