« L’ami vert »

Ce dernier récit imaginé par Carmen à l’issue de la visite des serres aux bonsaïs devrait très certainement vous toucher.  Il respire la poésie ! Bonne lecture ! 

L’ami vert

Je te regarde te balancer légèrement au gré du vent qui entre dans le salon, et je me souviens.

Je me souviens de ce matin de printemps. Un dimanche du joli mois de mai où tu fis irruption dans mon existence. Rien ne pouvait me laisser présager qu’un être petit, fragile et sans attrait au premier abord allait bouleverser mon cœur.

Pourtant, je pensais tout savoir de ton espèce. Enfin, surtout ceux que je croisais au gré de mes pérégrinations. Ils m’ont toujours fasciné par leur stature, leur présence magnifique. Maintenant je peux bien humblement le confesser, je ne pouvais pas concevoir que tu puisses avoir autant de force que tes grands frères. Mais ça, c’était avant. Avant ton irruption dans un quotidien fait d’automatismes et d’habitudes ronronnantes qui finissent toujours par nous enfermer dans une prison mentale.

Tu tiens peu de place en apparence mais en vérité l’espace que tu occupes est immense. Comment une telle chose est possible ? Y aurait-il de la magie dans tes branches gracieuses, dans tes feuilles délicates et menues. Tu as hérité de tes ancêtres géants la sorcellerie commune aux gardiens de la terre.

Aujourd’hui tu vis avec moi ou bien serait-ce moi qui vis avec toi ? Car à bien y regarder de plus prêt, tu es devenu le maitre de ces lieux. Désormais tout ne va que par toi, indispensable petit végétal.

Ton bien-être est ma principale préoccupation, chaque matin. Et si tu savais comme je peux m’en vouloir lorsque j’ai le sentiment de te négliger. D’ailleurs, te souviens-tu de la scène que j’ai faite à Dominique quand il t’a fait cette coupe horrible. Non seulement, il a saccagé ta magnifique houppe mais j’ai cru qu’il t’avait presque tué à coup de ciseaux. Si jamais tu n’avais pu survivre à cette odieuse agression, je l’aurais quitté sur le champ. Je n’aurais pas pu vivre sous le même toit qu’un tueur d’arbre.

Par bonheur, tu es fort et j’ai déployé mille efforts pour te tirer de ce mauvais pas. Je suis sûr que tu n’as pas oublié Madeleine et ses merveilleux conseils. Je ne sais pas comment nommer quelqu’un qui soigne et sauve les végétaux en détresse, mais c’est une bonne fée.

Je pense que tu l’as compris depuis longtemps. Je t’aime à la folie. Une furieuse folie qui m’attache à tes racines, à ton petit tronc noueux, à tes branches s’élevant vers les cieux et à tes jolies feuilles si brillantes qu’on les penserait vernies.

Ah qu’il est bon, qu’il est doux de t’avoir à la maison. Toi, tu rêves peut-être de forêts lointaines, de montagnes sauvages, d’oasis à conquérir. Un jour sûrement, nous partirons tous les deux à la recherche d’une terre promise. D’un endroit pour vivre loin de la fureur des hommes. Un coin de Paradis où nous pourrons poser nos bagages et vivre enfin en paix pour le restant de nos jours.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :