« Histoires de jeux # 2 »

Dans la foulée de son premier récit, Carmen est prête à répondre à un nouveau défi d’écriture : construire un monde imaginaire pour les sportifs du futur. Laissez-vous transporter dans son univers de science-fiction ! Bonne lecture ! 

Histoires de jeux # 2

C’est fou comme tout me paraît étrangement silencieux. Pourtant, je peux les voir s’époumoner de toutes leurs forces, amassés dans les gradins intergalactiques. Mais rien ne pénètre mon corps encapsulé dans ma combinaison néo-peau dernière génération. Elle me serre tellement qu’elle fait partie intégrante de moi.

Gagner, j’entends ce mot depuis des années. Depuis toujours, même. Perdre, c’est être mort. Être vivant, c’est vaincre et continuer à exister. L’univers est cruel avec les loosers. L’histoire les rejette impitoyablement.

La course 1000 mètres obstacles vient tout juste de s’achever. Des concurrents secouent leurs immenses jambes démesurées, donnant l’impression d’être montés sur des ressorts. Il paraît que c’est pour ressembler à des sortes d’animaux sauteurs qui vivaient sur une planète disparue. Si je me souviens bien, elle s’appelait Terre et était bleue. J’aurais bien aimé la voir cette planète mythique, car les jeux olympiques viennent de là-bas. D’une montagne magique où se promenaient des dieux dirigeaient les hommes. Nous aussi, nous avons cela sauf qu’ils ne sont pas des dieux. Ils nous dirigent d’une main de fer. Participer aux compétitions n’est pas une option mais une obligation d’état. Ça calme les esprits rebelles et occupe les peuples.

Dans cette enceinte sportive, tout oscille entre réel et virtuel. Depuis très longtemps il n’y a plus aucun animal qui ne soit encore en vie, alors ils sont tous numériques.  Même les chevaux que je peux voir sauter au concours d’obstacles.

Moi, ma spécialité, c’est le lancer de poids. Je ne l’ai aucunement choisi mais je suis doté d’un bras un peu différent des autres. Il peut s’étendre selon ma volonté et ainsi je suis en capacité de projeter à plus de 100 mètres. Je ne suis pas loin de battre le record intersidéral. D’ailleurs, c’est le détenteur du titre qui va concourir dans ma catégorie. Celle des vétérans de la dernière guerre interstellaire, la plus adulée du public. Lui, je ne l’aime pas et le battre me remplirait de joie. Il prend un malin plaisir à écraser la concurrence, au propre comme au figuré. Nous n’avons pas, lui et moi, les mêmes rêves de gloire et de médaille.

Ce que j’aimerais, c’est de pouvoir lancer mon poids si loin qu’il se poserait sur Alpha du Centaure. C’est là que je suis né, il y a bien longtemps. Je le sais car on me l’a dit. Après ma naissance j’ai été transféré dans un centre d’entraînement pour futurs champions sur une autre planète. Année après années, entraînement après entraînement, je n’ai jamais quitté le dôme des « êtres suprêmes ». Alors gagner aujourd’hui sera un peu le billet retour pour un monde que je ne connais toujours pas.

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