C’est Nathalie qui vous invite aujourd’hui à la lecture d’un récit à l’humour mordant. Bonne lecture !
Quatre-heures
Mon créateur a des questions existentielles qui le taraude. Munch m’a peint un jour où cela lui tordait les tripes. Il essayait de retenir cette souffrance morale, c’est pour cela qu’il m’a nommé « Le Cri ».
Je pousse ce cri strident afin d’évacuer toute l’angoisse qui me transperce mon corps et le déforme. Je vous demande de me regarder. Oui, Moi! Toi, le visiteur qui s’approche. Oui ! Toi ! Jure moi que tu n’as jamais eu de crise d’angoisse qui te bouleverse et où tu étouffes le son de ta voix le soir dans ton oreiller ou seul sous ta douche.
Tu ne peux pas éternellement garder ce cri qui te déchire les entrailles. Tu passes devant moi, tu t’arrêtes, intrigué. Je vois bien que je t’interpelle. Tout cela ne te laisse pas indifférent car dans ton fort intérieur, tu sais ce que je ressens. Réfléchis bien ! Ton existence n’est pas un long fleuve tranquille. Tu essaies en me regardant de te mentir à toi même, en te disant que tu ne pourrais pas être aussi déformé par la douleur de ton âme. Mensonge car, jour et nuit, tu as connu ce méandre.
Moi ? Moi, je m’appelle Anthony et je te scrute en pensant que je ne me suis jamais senti aussi minable que toi.
Ma vie est splendide alors que tu es prisonnier de ton angoisse. Je suis la joie incarnée. Toi, tu as une mine de papier mâché qui me répugne. Cette angoisse est pour les faibles.
Moi, je virevolte par-dessus toutes les épreuves de la vie. Je réussis tout ce que j’entreprends. Je fais une merveilleuse carrière de Directeur en Communication. J’ai trois enfants splendides que j’aime. Ma femme -que tu vois arriver- est belle et attentionnée. Regarde-la, elle s’approche :
– « Anthony ! Anthony ! As-tu pris ton Valium de quatre heures ?
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