« Au Bon Marché »

C’est l’histoire d’une rencontre improbable… dans un magasin où Carole fait ses courses. On ne vous en dit pas plus ! Bonne lecture !

Au Bon Marché

Je lisais la composition d’une boîte d’épices : « Curry curcuma, paprika,… cet assortiment de huit épices parfumera et relèvera tous vos plats.. ». « Belle promesse », me disais-je, lorsqu’une odeur arriva dans mon nez.

Il me semblait la reconnaître, mais je n’en étais pas bien sûre. Puis, cette odeur se rapprocha, et embauma tout le rayon. Je tournai la tête pour chercher d’où elle provenait. Et là, je vis arriver une femme, d’une cinquantaine d’années, à l’allure plutôt bourgeoise, portant sur l’avant-bras un sac chic et cher. Plus elle se rapprochait, plus l’odeur devenait forte. Elle me dépassa. Je reconnus : c’était l’odeur du parfum Samsara de Guerlain. En un instant, son parfum s’installa dans mes narines, et envahit tout l’espace. J’en étais troublée. Je reconnus le parfum de Clarisse, la jeune femme de mon oncle Victor. Je me souviens. Lorsqu’elle venait à la maison, son parfum embaumait tout le salon et restait dans la pièce bien après son départ. J’aimais cette flagrance, un peu forte pour un climat tropical, riche de fleurs de jasmin et de bois de santal. Je trouvais qu’il lui allait bien, elle avait le style qui convenait. Elle s’habillait toujours impeccablement, les chaussures assorties aux couleurs de ses vêtements. Sa coupe de cheveux à la lionne était très tendance en ces années 80. Je la trouvais « in». Tonton Victor  était très attentionné avec elle, il répondait favorablement à tous ses désirs, lui rapportant un verre, ou son éventail quand elle avait chaud. Ma mère, n’ayant pas apprécié la séparation de tonton Victor avec tata Sonia, restait très distante avec elle ; l’écoutant attentivement pour mieux la critiquer une fois qu’elle n’était plus là. Mon père, lui, se montrait neutre et ne rentrait pas dans son jeu. Mon frère et moi étions insensibles aux appréciations des adultes ; nous étions tout simplement contents d’avoir une nouvelle tata.

Au Noël 1986, elle m’offrit un jeu d’échecs. Et, pour la remercier, je m’étais avancée vers elle pour l’embrasser. Aussitôt, dans un geste de tendresse, elle me prit dans ses bras et me fit une longue étreinte. A cet instant, son Samsara embauma toute ma robe, mon visage et mes joues. Je me sentais bien, enveloppée, dans un monde d’ivresse. Je me sentais privilégiée. Trente années plus tard, dans ce lieu inattendu, je me sentais de nouveau shootée par ce Guerlain. C’était un vrai kif !

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