C’est au tour d’Annie de nous révéler qui est Sergio, le fameux majordome de « La Veuve Joyeuse ».
Bonne lecture , bon confinement et restez chez vous
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Déjà deux mois que Monsieur est parti … Madame est si rayonnante. Ce nouveau petit tailleur Chanel lui va à ravir !
S’ils savaient tous qu’en plus de lui apporter chaque jour de bons petits plats, je l’accompagne dans ses après-midis shopping avenue Montaigne ou rue du faubourg Saint-Honoré. Le soir, je l’emmène au théâtre dans son tout nouveau coupé Mercedes qu’elle hésite encore à conduire. Nous passons de plus en plus de temps ensemble.
Quand je pense qu’on se connaît sans se connaître depuis maintenant une trentaine d’années… quand j’avais ma petite épicerie italienne près de chez eux. Je me souviens qu’à chaque fois que je proposais des dégustations de charcuteries ou de fromages, ils s’installaient tous les deux silencieusement au comptoir pour savourer les spécialités et repartaient une heure après… sans jamais rien acheter ! Je voyais bien qu’elle n’était pas heureuse avec lui. Elle me faisait pitié.
Ah, que je suis content pour elle aujourd’hui ! Tiens, elle rabroue sa fille pour défendre son petit-fils. Bravo, elle ose dire son avis ! Je lui fais un clin d’oeil en servant un verre de Coca à Timothée, un brave petit garçon. Quel bonheur de la voir revivre ! Et si je la protégeais de cette bande de rapaces ? À commencer par sa bru. La voilà qui sort de table pour fumer sa clope, elle a l’air furieuse ! Elle pense encore que son Marc chéri va hériter d’un petit pactole ! Elle rêve ! Allez, encore quelques bulles de Ruinart, Chantal ! Elle n’en boira pas de si tôt, la pauvrette !
Bon, je vais débarrasser ! La table a perdu de son charme avec toutes ces carcasses de langoustes, il est temps de passer au… Zut, Madame vient de renverser son verre en cristal. Avec mon torchon de service, j’éponge vite la nappe . Sous le regard noir de Marc, je m’approche doucement de son oreille et lui susurre : « Ne vous inquiétez pas, je reviens avec un linge propre ! »
Je lui prends délicatement la main pour mieux sécher sa manche. Quand je me penche vers elle, je baigne littéralement dans son parfum Chanel n°5. Sa respiration s’accélère. Sans que je sache pourquoi, d’un geste exquis, elle libère ses boucles retenues par une barrette en écaille. Nos regards se croisent. Pétillante, elle me remercie avec un sourire complice. Je suis troublé.
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