L’actualité influence parfois notre inspiration jusqu’à déteindre sur notre écriture …
Aujourd’hui, premier jour du deuxième confinement, le récit d’Annie est loin d’être rose ! A vous de deviner toutes ses couleurs !
Les heures sombres
Il est exactement onze heures cinquante-six quand une violente déflagration me réveille.
En un instant, une meute de camions blindés déboule dans ma rue, sirènes hurlantes. Les freins crissent sur le bitume. Des hommes cagoulés sautent des camions comme des puces. Ils investissent l’immeuble d’en face, se déploient sur la façade, sautent de balcons en balcons. De véritables araignées. D’autres se glissent sous terre comme des vers. Les soupirails béants ressemblent à d’immenses trous noirs d’où sortent de drôles de scarabées, peut-être des cafards … sûrement, des blessés soutenant leur compagnon d’infortune. La nuit cruelle vomit un chapelet de zombies dans le cirage. On dirait des oiseaux englués après le naufrage d’un pétrolier. Les pompiers déploient leurs projecteurs sur les fourmis aveugles. Je vois ces nuées d’ombres fantomatiques sortir en titubant de mon club de jazz préféré, puis s’évanouir derrière des rideaux de cendre. Dernières pulsions. Horreur de l’agonie. Obsession du néant.
J’allume une bougie.
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