Aujourd’hui, c’est Nathalie qui vous offre un panel de silhouettes en tous genres, puis s’arrête sur un personnage égocentrique. Son écriture est mordante ! Vous allez certainement être surpris !
« Case départ ou le retour au monde réel »
Ceux qui attendent avec impatience depuis les premiers flocons pour assister à la descente de ski de Val d’Isère, accompagnés de leurs familles et amis. Ceux qui sont des supporters enjoués et trépignants avec leur verre de Génépi ou de vin chaud, le podium sera arrosé bien avant les résultats.
Celle qui au premier rang, dans l’aire d’arrivée, trépigne d’impatience pour voir les chutes spectaculaires car ce sport ne l’intéresse guère, mais lui permettra d’animer la conversation, à la pause-café, avec ses collègues pour parier sur le pronostic des skieuses qui ont chuté lourdement et donner tous les détails atroces des blessures.
Celui qui croise ses doigts dans ses moufles, de manière anxieuse et superstitieuse car sa fille est la prochaine à prendre le départ.
Celui qui est journaliste vedette d’une grande chaîne de télévision depuis de nombreuses années et commentera pour la première fois cette épreuve sportive, sans avoir eu le temps de préparer ces interventions. Toutes ces athlètes sont pour lui de parfaites inconnues, il est novice dans la rubrique sportive.
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A 39 ans, Il pense que le monde lui appartient, il est égocentrique et pour lui la réussite dans la société est le pouvoir et l’argent. A 17 ans, Il obtient son baccalauréat avec une mention très bien au lycée Henri IV. Puis, il intègre une prestigieuse école privée de journalisme où il sort major de sa promotion.
Dès ces premières rencontres télévisuelles à 24 ans, il fait tout pour ce faire remarquer, quitte à écraser ses collègues. A 29 ans, il anime une émission en première partie de soirée où son audience assomme toutes les autres chaînes.
A 44 ans, pour paraître toujours trentenaire, il s’injecte du Botox et se fait greffer quelques cheveux. Il n’aime pas le sport mais il va entretenir sa silhouette dans une salle de fitness.
Il est toujours impeccablement maquillé, habillé avec des costumes sur-mesure. Il le sait, il doit plaire à tout public car il adore la notoriété et l’argent aussi.
Quand il passe devant les bureaux, il n’hésite pas à rabaisser ces collaborateurs. Et, certains par jalousie, humour, moquerie ou répugnance entament des chansons telles que : « Sapé comme jamais » ou « Je m’voyais déjà en haut de l’affiche ».
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Suite à la fureur de ton directeur qui a appris ta liaison intime avec sa femme, tu te retrouves à 49 ans transféré en 48 heures sur l’émission mensuelle des sports du dimanche matin.Tu arrives à Val d’Isère avec tes costumes et tu t’aperçois que ta notoriété est terminée. Pourtant, tu venais d’investir chez ton dentiste pour la pose de facettes blancheurs intenses, tel le carrelage en porcelaine de ta somptueuse salle de bain. Ici, tu te trouves ridicule dans tes habits ayant une valeur supérieure à 6 000 euros.
Tu ne connais pas la montagne car tu détestes ses changements climatiques. Toutes tes vacances ont pour destination le soleil : Saint Barth, Hawaï, Dubaï, Phuket pour avoir l’impression de faire partie du showbizness mondialement connu.
Avant le début de l’épreuve, tu sors dans le village te dandinant comme un pingouin sur le sol verglacé chaussé de tes Weston, ta tête basse pour ne pas être reconnu. Tu t’achètes un passe montagne, un pull, un anorak, des gants, un pantalon, des après-skis et surtout des lunettes de soleil énormes comparées à ton visage. Cet accoutrement, ou pour toi ce déguisement, est le comble du mauvais goût.
Tu t’aperçois que ton portable contient une liste interminable de contacts, mais il ne sonne plus depuis une dizaine de jours. Voilà, ton rêve de grandeur s’est envolé comme les pigeons auxquels tu assènes, chaque jour, des coups de pieds pour les faire dégager de la grandiose terrasse de « L’Orangerie » située avenue Georges V alors qu’ils veulent simplement picorer les quelques miettes tombées de ton assiette.
Maintenant, tu es le pigeon guetté par les vautours, loin de ton rêve d’être l’aigle royal des cimes de l’audiovisuel.
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