« Un greffier pas comme les autres »

Quand Annie découvre ce timbre représentant Jean Mermoz, son esprit s’envole, littéralement. Impossible pour elle d’écrire pendant plusieurs instants. Elle rêve des débuts de l’aviation, de voyages… Et, puis… enfin… l’inspiration arrive … Bonne lecture de ce dernier récit, imaginé pendant l’atelier de Ghislaine Tabareau-Desseux au Musée de la Poste.

« Un greffier pas comme les autres »

Il paraît que je ressemble à quelqu’un de célèbre dont j’ai malheureusement oublié le nom. Je me souviens juste qu’il était aviateur ! A propos… voler ! Moi aussi, j’aime cela, mais d’une autre manière ! (Rires)

Enfant, je chipais de petites pièces dans le tiroir-caisse de l’épicier du village quand il était occupé à tirer un litron de vin dans la remise. Plus tard, je montais à la ville pour détrousser les Parisiens dans le métro. Et, puis, j’ai braqué une banque, puis deux et… je me suis retrouvé à la Santé ! Je n’en étais pas à mon premier séjour là-bas. Je détestais cette prison. Je ne supportais pas les souris qui galopaient, la nuit, dans les couloirs. Le pire, cette fois-là, c’est qu’il y en avait une qui avait élu domicile dans ma cellule. Je vivais l’enfer. Un jour, un gardien eut pitié et m’apporta son chat, Brutus. Un mâle, costaud, avec de longues moustaches et la fourrure rousse. Ce soir-là, il fit le tour de ma cellule, puis, sûr de lui, se tapit près du trou des latrines. Quelques heures plus tard, je m’endormis. Je fus réveillé en sursaut par l’ultime couinement de la souris et de petits craquements d’os sous les dents de Brutus. Je descendis alors de ma paillasse pour lui donner une caresse en guise de remerciement. C’est alors qu’il attrapa ma main et y rentra ses crocs avec rage ! De ma main gauche, je l’attrapais par la peau du dos et le balançais contre le mur pour l’assommer. Non, mais, c’était tout de même moi le maître des lieux ! Au fait, j’ai oublié de me présenter, Antoine Duval alias Tony L’anguille car j’ai longtemps échappé à la police et à la justice.

Brutus, j’aime affreusement mon nom. C’est un gars, surveillant de prison, qui m’a appelé ainsi. En allant au boulot, il avait recueilli ma mère, alors en gestation, abandonnée Porte d’Orléans sur la route des vacances ! La pauvre est morte quelques jours plus tard, juste après ma naissance ! Je suis orphelin certes, mais au fil des années, je me suis informé et ai découvert dans mon arbre généalogique que j’avais plusieurs ancêtres dotés de pouvoirs magiques. L’un marchait avec des bottes de sept lieues. Un autre racontait ses aventures, perché sur un pommier. Alors, moi, je décidais, pendant quatre ans, de suivre une formation à l’EMS, je veux dire l’Ecole de la Magie Strature de Lyon. J’en suis sorti greffier. Depuis toujours, j’ai la hargne de vivre, mais avec ce diplôme en poche, je peux dorénavant me porter garant du respect et de l’authenticité des procédures juridiques pour ainsi défendre l’injustice et mieux punir les voyous en tous genres, surtout les récidivistes à qui je ne laisse rien passer. Quand on me charge d’un dossier, je fais mon travail. Consciencieusement, rapidement ! Je veux être efficace. Je n’ai nul besoin de remerciements. Pas la peine ensuite qu’on me caresse dans le sens du poil ! 

Voilà trois jours et quatre nuits que je suis en cavale ! Difficile de passer inaperçu dans ma tenue de prisonnier. J’erre dans les bois en direction de l’ouest avec l’impression de tourner en rond. La faim me tiraille les tripes. Je n’en peux plus de me nourrir de pommes, de baies et de champignons. Je ne vais tout de même pas devenir végétarien ! C’est décidé. A la nuit tombée, je m’approche dangereusement d’un corps de ferme, plus précisément d’un petit poulailler. Sagement alignées sur leur perchoir, une bonne douzaine de poules me font saliver. Elles sont dodues à souhait. Aaah, je sens déjà leur chair s’écraser tendrement sous mes dents affamées… le jus de viande gicler sur mon palais avant de dégouliner dans ma gorge assoiffée ! Elles ont l’air affreusement tranquille, la tête coincée sous une aile. C’est alors que je perçois un léger mouvement sur le toit du poulailler. Je lève la tête. Deux yeux perçants, verts comme des émeraudes, déchirent la nuit et me glacent le sang. « Bonsoir, c’est moi, Brutus ! Vous me reconnaissez ? »

A propos de l’illustration

Jean Mermoz, né à Aubenton (Aisne) le 9 décembre 1901 est un aviateur français, figure légendaire de l’Aéropostale, surnommé l’« Archange ». Il a effectué vingt-trois traversées de l’Atlantique sud. Il disparaît le 7 décembre 1936 à bord de l’hydravion quadrimoteur Latécoère 300, le « Croix-du-Sud ».

Ce timbre est émis un an plus tard. Il est l’œuvre du peintre et graveur, Henry Cheffer. 

Illustration : Musée de la Poste

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