Prêt à suivre Carmen ? Elle vous invite à un cheminement, à une réflexion sur les songes, sur le plaisir du rêve éveillé. Bonne lecture !
Flâneries en nuit majeur
Tout commence dans le souffle d’un brouillard. Et, voici que la nuit venue j’active la fabrique des songes. Une mystérieuse et fantastique machine pour voguer entre rêve et réalité, entre l’univers à l’endroit et celui à l’envers. Mon esprit est un coffre-fort, moi seule possède la clef des voyages intérieurs. Un tour et je décolle pour un ailleurs où rien n’est véritable, où tout est réalisable.
Ce soir, je m’envole pour Pluton visiter l’enfant aux papillons. Un filet de mousseline verte, elle cueille avec grâce l’insecte aux ailes de vent voletant dans le désert océan. Mais dans ce vide plein de rien, je tourne, je vire et je m’ennuie. Partir, il me le faut, je n’ai plus presque envie de dormir. La fille au long manteau gris a gâché mes flâneries nocturnes. Je refuse de me réveiller l’âme taciturne. Je vais donc aller me poser dans cette forêt profonde connue seule des meilleurs rêveurs. Dans le creux des arbres sans feuilles, niche la chouette-poisson. Elle pêche des souris sous-marines en plongeant dans des mers azurs. Puis, vient l’aube et son long cortège d’heures toutes identiques. Moi j’attends patiemment le soir pour la grande évasion. La nuit n’est que songes à imaginer tous fous, tous doux tels les bras d’une amante accueillante. L’espace d’un instant, le temps suspend sa course, rien d’autre n’a d’importance. Je rêve de mourir dans mon rêve, éternelle prisonnière d’un monde parallèle.
Les errances de l’esprit ne sont pas des fables. Tout rêveur à ses rêves de folies, visitant le bizarre autant que l’étrange. Une histoire vraie qui mérite d’être vécue. C’est le voyage dans les méandres enchantés des nuits étoilées.
Mais attention au cauchemar qui se tient en embuscade prêt à détruire les jolies choses de nos cœurs endormis. Il faut prier le marchand de sable, délier les liens de la peur. Un peu de poudre magique, le ciel devient vert pomme, la terre jaune soleil, la lune violette quetsche. Je peux tout faire, puisque je suis mon rêve, mon monde parfait. Vous raconter mes songes ? même pas en rêve !! c’est bien trop personnel. Fermez vos yeux et imaginez. Une chimère, un fantasme, un mirage ? Non, juste un rêve.
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Illustration :
« Sleeping », Toyen (1937)
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