« Les remords »

Aujourd’hui, Maxime nous entraîne outre-Manche. On ne vous en dit pas plus ! Bonne lecture de son récit drôle et efficace !  

Les remords

Richmond et les autres ne m’avaient pas encore transpercé de part en part que je m’inquiétais de la suite de mon destin. Des remords surgissaient alors que je croisais le fer avec l’ennemi. Je n’aurai pas dû me mettre Buckingham à dos. Il n’y aurait jamais eu cette foutue guerre et je serai tranquille auprès de mon feu à faire du point de croix.

Quand la première lame se planta dans mon bras, j’ai eu une pensée pour mon frère que j’ai fait assassiner. Au moins il n’a pas connu la douleur de l’épée qui rentre dans la chair. Au deuxième coup reçu dans le dos celui-ci, je revois le visage de ma femme que j’ai empoisonnée, elle n’a pas connu le mal d’une lame qui vient fracasser les os et ébranler tout votre être. Quand le troisième coup vient rougir ma poitrine, je pense à mes neveux que j’ai fait prendre, dieu me garde de leur avoir ôté la vie, ils ne connaîtront jamais la fureur des Hommes.

Je m’effondrais sur l’herbe humide. Je rassemblais mes dernières forces et d’un cri venu de mes entrailles, je criais William, je ne veux pas mourir comme ça.

Chut, Richard, tu ne dois pas briser ce moment dramatique. Tu dois mourir silencieusement, sinon c’est décapitation et exposition de ta tête sur la place de Londres. Nous n’avons pas fait tout cela pour que tu viennes pleurnicher à la dernière phrase. Sache que ce n’est pas simple pour moi, Richard, nous avons marché main dans la main, je t’ai fait grandir, j’ai été de toutes tes conspirations, tu as pris la lumière, je suis si fier de toi. Je t’ai tellement aimé. Je t’ai suivi jusqu’à la mort des enfants, mais maintenant, c’est terminé.

L’Angleterre retrouvera son glorieux été sous un autre soleil. Tu t’éteins Gloucester. Mon richard, mon œuvre pour Richard III.