« Plein d’espoir »

Retour dans le passé avec Francine qui nous fait revivre une journée mémorable où l’attente était particulièrement fébrile. Bonne lecture !

Plein d’espoir

Toute la journée, on nous a rabattu les oreilles avec les sondages, les explications des experts, la participation dans les grandes villes et les personnalités politiques qui ont voté dans leur quartier devant les flashs des journalistes. Que ce soit les chroniqueurs ou les politiciens, devant les caméras des chaînes de télévision ou les micros des radios, ils y vont tous de leurs pronostics sur les pourcentages des résultats, de leurs prédictions selon l’élu et de l’avenir de notre patrie.

Il fait beau en ce joli mois de mai 1981. Après avoir glissé mon bulletin dans l’urne de l’école de mon enfance, je me suis promenée dans les rues de Paris. Il y a de l’électricité dans l’air, les conversations n’ont qu’un sujet en ce dimanche. Des conversations souvent calmes, d’autres plus agitées et certaines en arrivant aux coups de poing. En fin d’après-midi, je préfère rentrer à la maison et m’installer devant le poste de télévision pour suivre tranquillement le cours de l’histoire.

Au fur et à mesure que les 20 heures approchent, je sens monter en moi de l’impatience, de l’excitation mais aussi de l’appréhension. Et des questions, et des questions. Si celui de mon choix n’était pas élu. Comment va être notre avenir, quelles grandes décisions vont être mises en œuvre dans les prochains mois. Je regarde toutes les minutes les aiguilles de l’horloge posée sur la cheminée en marbre blanc, qui avancent au ralenti. Ils sont tous là, tous avec leurs mêmes discours, leurs mêmes promesses, leurs mêmes reproches sur le précédent gouvernement, que du blabla pour faire patienter le public. Encore quelques minutes, elles me paraissent une éternité. Tic tac, tic tac,tic tac.

Plus d’une minute. Sur le plateau de la rédaction, le présentateur a du mal à se faire entendre, à diriger le débat. Ils parlent tous ensemble, s’interpellent, se coupent la parole, c’est une véritable cacophonie.

20 heures. c’est l’heure. Sur l’écran noir des petits points blancs commencent à dessiner le haut du visage de notre nouveau président. Ils font durer le suspense le plus possible. Debout au milieu de la pièce, je danse d’une jambe sur l’autre, j’ai des sueurs froides et chaud dans tout le corps.

Enfin, le visage entier apparaît. Je saute de joie, je crie, je pleure, je rie. Dans la rue des attroupements se forment, les gens se sautent dans les bras, s’embrassent, chantent à tue tête. Les klaxons des voitures résonnent et se répondent.

Je descends les escaliers en courant pour les rejoindre, faire la fête jusqu’à la fin de la nuit. Je retrouve des amis sur le trottoir. Nous partons ensemble, bras dessus bras dessous, brandissant une rose rouge en chantant de tout notre cœur. Nous avons la victoire joyeuse et nous sommes pleins d’espoirs pour demain.

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