Démarrons aujourd’hui notre série de récits magnétiques avec celui de Maximilien. Le rêve qu’il nous raconte est un véritable poème sonore dont les lignes se déroulent au rythme d’un métronome. Nous vous laissons tout au plaisir de le lire !
Toutes les trois heures
Bouge un doigt.
Bouge.
Un.
Doigt.
La logorrhée d’une autre : une femme. Ta femme. Le son tambourine et la vibration t’emporte. Un areuh circulaire, multicolore. Tu sais que tu rêves. Bouge un doigt. Le son claironne et rayonne, tu surfes sur la plus grande vague musicale. Tu bondis, et tu n’as jamais été aussi souple.
Un bond sur le Do,
Un bond sur le Ré,
Un bond sur le Mi.
Mais ton doigt, lui, ne bouge pas. Tu étouffes sous le poids de la musique. Elle sonne et oscille, elle te tord les tripes et tu déglutis tout.
Tu broies
du Fa,
du Sol,
du La
et du Si.
Bouge un doigt.
Le bruit, sourd, le bruit blanc, le bruit rose. Une attaque de comptines : un doudou géant de trente mètres de haut s’abat sur ta tête. Tu coules et tu nages comme un caillou. Bouge un doigt. Affalé sur ta planche à areuh, tu nages à contre-courant et tu évites les récifs. Et le vortex. Et le siphon. Ainsi font, font, font, les petites marionnettes. Elles sautent sur ta planche à areuh et t’emportent. Ton doigt bouge. Ton corps remue et ton air s’expulse. La sentence dans tes oreilles : « C’est ton tour de biberon ».
Fin de sieste.
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